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Dans ce Blog, nous suivons le périple d'Olivier Guillouet depuis son départ d'Arzal le 3 août 2023 vers les Caraïbes et la transat retour, via les Açores, jusqu'à son arrivée à Saint Nazaire au port de Pornichet le lundi 27 mai 2024

Lire article de son départ le 3 août 2023

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Seconde et dernière étape de la transat retour d'Olivier Guillouet

04/06/2024

Seconde et dernière étape de la transat retour d'Olivier Guillouet

       

    Les adieux à Ponta Delgada au départ des Açores... à droite, la pointe Nord-Est de l'ile de São Miguel toujours aux Açores

 

Dimanche après-midi le vent descend encore, c’était bien entendu prévu par la météo et le moteur fait l’appoint pour maintenir les 5 nds en ligne droite. Ça avance bruyamment mais sûrement. Minuit, Danton pointe son étrave dans "l’autoroute des grands", l’AIS nous gratifie de multiples petites flèches orientées dans le même sens et presque toutes à 12 nds. Il va falloir s’y faufiler ! On avance, vise l’arrière des mastodontes, lofe de 40° puis, quand on le sent, reprend la route au 95° en espérant que les 2 autres derrière ne vont pas nous jouer un tour…ça passe ! 4 voies à traverser comme ça, heureusement les deux dernières semblent moins encombrées mais comme nous sommes juste à la sortie de la zone la vitesse et le cap ne sont plus limités. Certains repartent à plus de 17 nds. Le ciel est complètement dégagé, des étoiles partout, mon équipier prend un cours de feux de navires en live et en plein air. 

 

       

 

Je redoutais la brume au petit matin mais il n’en est rien, le petit vent de nord-ouest repousse l’humidité vers la côte et nous en sommes loin. Nos pêcheurs, assez peu nombreux, sont bien visibles.  Un troupeau de dauphins vient nous saluer pour notre dernier jour. Ils nagent en ligne sur notre bâbord, c’est un vrai régal. Et ils font tous un saut avant de nous quitter, certainement un adieu, c’est touchant.
La côte est là, les îles Sisargas sont passées, on aperçoit au loin la grande tour Hercules et la dernière pointe à passer. Dernier mile, les pare-batages et aussières reprennent leur fonction à poste. La jetée est virée, ponton 3 emplacement 30 30. Il est 18h30 TU le lundi 20 mai, nous sommes accostés. 
972 miles route fond d’alignés à 5 nds de moyenne, on arrose ça après la douche bien méritée. 

 

         

 


Depuis, mon équipier est reparti en train vers sa Bretagne et son travail et moi je remets mon pilote en état et me prépare pour le prochain départ vendredi 24 mai avec objectif Pornichet ou à proximité, je vous tiendrai au courant.
À bientôt. 
Marinement vôtre, Olivier Guillouet 

 

 

 

 

 

 

 

   


 

 

Bonjour à tout l’équipage des Vieux Gréements 
Dimanche 26 mai 2024 à 6h TU 
Le vent est d’ouest 15 nœuds et la mer Peu Agitée avec des creux de 1 à 2 mètres.  Je suis au portant dans ce temps gris un peu humide faisant route directe à 5 nœuds de moyenne vers Pornichet situé à 122 miles. Faites le calcul et voyez mon ETA sachant que le vent reste constant sauf les 10 derniers miles de côtière où il faiblira. Bref, si tout va bien, j’atterris lundi.


Après une escale technique à la Corogne où j’ai accompagné mon équipier au bus afin qu’il puisse retourner au travail (Ha, dieu bénisse les cotisants !), j’ai remis en état mon système de pilotage, rangé un peu le bateau et aussi bien profité de cette grande couchette qui ne bougeait plus. La fenêtre s’est présentée vendredi 24 et ne semblait durer que 3 jours avant que ne reviennent des vents d’Est lundi prochain.

 

   

    

Appareillage donc vendredi matin pour un grand bord de près (encore) qui me fit faire du nord avant la bascule d’Est vers 22h, puis Sud annoncée accompagnée de douches à  l’eau douce le lendemain matin. Le Cap se trouve en ligne directe maintenant. Environ 360 miles. Les offrandes aux dieux sont effectuées selon les règles, des dauphins passant par là à ce moment pourront en attester à Neptune qui, je l’espère, me sera clément.
Les effets de marée sont sensibles sur l’état de la mer et de mon cap. Marée montante contre le vent ça moutonne la lève mais m’aspire, marée descendante la mer est plus calme mais me repousse. Cette alternance diminue plus je m’éloigne de la côte.
Un samedi grisounet et humide me pousse et me gratifie de quelques surfs sur cette petite houle de Sud.
 17h. Mais qu’entends-je ? Blang blang blang qui vient de dessous l’arrière du navire. Une grande traîne accrochée à l’arrière fait un remous à environ 20 mètres.  Quelque chose dans l’hélice qui reste bloquée et un truc qui tape dessous. Je récupère la traîne à la gaffe, reprends 3 mètres et coupe cet orin de diamètre 10 en nylon.  Hélice toujours bloquée et blang blang.  Démarrage du moteur et arrière avant doucement, tout se libère grâce au coupe-orin placé sur l’arbre d’hélice, je vois un gros paquet de bouts et un flotteur vert qui repartent pour le prochain, pas eu le temps et les moyens de le récupérer. Le moteur tourne normalement...oufff

 

     

 

 

Un écho au détecteur de radars (tuuut tuuuut) mais pas de bateau ? Qu’est-ce ? J’entends ensuite un bruit de moteurs d’avion, c’est un Breguet Atlantique qui fait sa surveillance, il passe assez bas pour me voir et repart vers le large.
Les nuits sont un peu agitées, entrecoupées toutes les demi-heures d’un tour d’horizon, vérifications de route et petits réglages mais je ne suis plus "sur la tranche " et ça change, sommeil plus décontracté. 
J’ai hâte d’arriver mais aussi me sens bien ici, sur l’eau. Plus de 11700 miles dans le sillage depuis le 3 août dernier sur cette grande boucle. Un jour la mer, un autre la terre, l’alternance, l’impermanence, la vie.

 

    EPILOGUE

 

Dimanche 26 mai sur cet Atlantique qui m’aura supporté dans mes pérégrinations navales. Le vent est portant, un bon 4 beaufort mais je suis toujours obligé de limiter ma vitesse sous peine de zigzags intempestifs. Je charge l’avant en déroulant le génois tangonné pour bien tirer par l’étrave et réduit la grand-voile qui permet d’éviter le dévent et d’éventuelles embardées. Mais aussi passe en ciseaux pour reprendre ma route directe quand c’est possible.

Les vagues et la houle me font balancer et déchargent les voiles, ça ralentit.

   14h je suis sur "la Marche", les vagues clapotent tout côtés, je remonte le canyon de Pornichet et passe de 1500 m à 160m en une vingtaine de miles. J’ai l’impression que la mer a changé de couleur, elle est plus verte et la houle reprend, régulière, 1 m d’ouest plus courte. Le vent baisse, la vitesse aussi et le régulateur commence à bafouiller. Mon vieux pilote électrique reprend du service à la nuit tombante. Le génois pendouille et je le roule en restant sous grand-voile pleine seule. 

 

 

   

   

 C’n’est pas si mal que ça car les petites vagues me poussant toujours, Danton glisse à 5 nds et la toile reste pleine, gardant la vitesse. Le bateau est à plat, silencieux et ma couchette en devient presque confortable.  2h la lune orange se lève dans les nuages puis blanchit, le sillage est phosphorescent de l’étrave jusqu’à loin derrière, une traîne de sirène, comme si la mer essayait de me retenir mais ma route va bien vers la terre et la parenthèse marine va bien aussi vers son achèvement. Je reste concentré jusqu'à l’arrivée mais je sens cette page qui se tourne doucement, irrémédiablement. 5h, le ciel s’est bien éclairci. Je distingue depuis un moment les feux rouges du parc éolien    les phares de Belle Ile et Groix étaient déjà visibles depuis longtemps, l’AIS se couvre de petits points qui sont tous les navires au mouillage, attention certains bougent, ce sont les pêcheurs locaux qui ont repris la mer à la fin du week-end.  J’en compte au moins 10 dans la zone qui virevoltent autour de leurs engins de pêche m’obligeant à couper AIS et MerVeille qui bippent sans arrêt.  Je suis sur le pont aux aguets, petit déjeuner à la main savourant cette glisse tout en ayant récupéré du réseau !  Et ça charge, les messages familiaux, les infos diverses mais aussi, malheureusement, les inévitables pubs.

 

      

 

Tiens un mail des VG qui fait la retape pour un équipage lundi, comme c’est bizarre et je tente un coup de vhf vers 9h, le Boréas répond ! Ils sont en mer vers Pornichet, comme c’est bizarre. 
Fin du parc éolien par le sud, je vire la Est Banche et pique direct vers le passage des Troves.  Les pare battages reprennent leur office, les aussières le leur et la grand-voile se plie à ma volonté de la voir bien reposée sur la bôme.  

Fin du voyage sous génois qui se roule enfin dans la baie,

 

 le Yanmar assurant l’arrivée comme d’habitude.

Du monde sur le môle, des courageux qui me font des signes d’amitié malgré ce temps grisounet et ce vent frisquet. 

 

 Je file en bout de ponton D que le Harbour Master m’a gentiment proposé. Après un demi-tour pour me retrouver face au vent j’accoste, Patrick attrape les bouts, Danton ne bouge plus, je suis arrivé. 

 

           

 

Et les amis arrivent aussi pour fêter dignement cette jolie fin de croisière, le cockpit se remplit ainsi que les verres qui se lèvent plusieurs fois et l’atmosphère se réchauffe instantanément. 
Fin du voyage et presque 12000 miles dans le sillage depuis 299 jours. Le navire et le marin sont de retour en Loire Atlantique pour leur plus grand bonheur et les retrouvailles. 

 

À très bientôt autour de la Vaquelotte.
Olivier

 

 

 

            Vivez l'arrivée de Danton à Pornichet, cliquez ICI

 

Arrivée de Danton à Pornichet après plus de 11 800 miles autour de l'Atlantique Nord

27/05/2024

Arrivée de Danton à Pornichet après plus de 11 800 miles autour de l'Atlantique Nord

 

 

    A gauche, Danton lors du départ le 3 août 2023...à droite, arrivée sur Pornichet le 27 mai 2024

 

         

    Après les Evens, la baie de la Baule et l'approche vers le port de Pornichet

 

       

    Les coups de fil...le verre avec les amis...le T-shirt des VG est sur le marin pour marquer l'appartenance ?

 

     

    Là, ça parle certainement bateau...à droite, un cadeau d'Olivier : ce qui reste du fanion des VG après un an de mer par tous les temps

 

    

 

 

 

Récit détaillé de la première étape de la transat retour de la Guadeloupe aux Açores

01/05/2024

Récit détaillé de la première étape de la transat retour de la Guadeloupe aux Açores

 

Les préparatifs de la croisière se situent dans la Marina de Saint François en Guadeloupe du 1 au 3 avril, la marina de Pointe à Pitre n’ayant plus d’eau au ponton depuis plus de 8 jours.  J’avais auparavant profité de quelques jours au mouillage de Saint Louis Marie Galante pour finaliser le carénage de la coque et bien la vérifier suite à ma collision avec une baleine à bosse quelques jours auparavant.  J’avais déjà plongé le soir même sans rien détecter mais là, en regardant bien, je retrouve le support de l’anode avant tribord enfoncé d’au moins 2 cm. La bête a du sentir quelque chose mais rien de grave pour Danton, juste comme un coquard.


Je vérifie aussi le fonctionnement de mon iridium dont le forfait vient juste de démarrer, messagerie et applications météo. Pleins d’eau des cuves, jerricans et réserves en bouteilles. Nourriture en frais, fruits légumes, pain au supermarché et marché local, le gazoil étant déjà fait. Dernière grimpette au mât pour inspection.

 

Trinquette à poste, calages divers, verrouillage de la baille à mouillage et couchette de navigation réinstallée, me voilà prêt le 2 au soir. Une bonne nuit par-dessus et me voilà appareillant vers 9h10 local, soit 13h UTC et 15h heure française. 


Je sors de la passe peu profonde et pas large du tout avec son récif de corail et ses quelques balises. Le moteur à 1800 trs j’avance péniblement à 3 nds contre le vent.  Les voiles sont envoyées avec un peu d’émotion et vogue la galère, aléa jacta est ! Vient un grand bord de près pour bien me dégager de la côte et des multiples casiers de pêcheurs assez particuliers qu’on aperçoit généralement plutôt dans son sillage qu’avant. Je vire 2h après devant les Petites Terres, îles basses, parc naturel protégé et très réglementé. L’autre bord m’envoie par la passe entre la pointe des châteaux (SE Guadeloupe) et l’île de la Désirade. 

 

 

    

 

C’est assez large mais plutôt mal famé, grand lieu de naufrages ! Je prends de la marge et me décontracte seulement une fois passé l’alignement breton entre les deux pointes. Après, c’est la mer libre et elle commence à bien se former avec les fonds qui baissent doucement et régulièrement. Deux bons mètres de creux de l’Est et un vent NE 4 à 5 Beaufort. Je hisse la trinquette qui stabilise la gite et rend plus efficace les deux autres voiles. 4 à 5 nds sous régulateur et je regarde les terres disparaître progressivement dans le sillage... la traversée commence vraiment à la nuit tombée. Pas de lune et plein d’étoiles.

On distingue les lueurs de la Désirade, Grande Terre et Antigua. Quatre sternes noires ont élu domicile pour la nuit sur Danton. 

Voilà que ça recommence et je vais redevenir un navire Porte-Sterne. 

 

 

Elles m’avaient déjà accompagné il y a quelques mois à la remontée de l’Amérique du Sud et accumulé quelques facéties, je m’attends à tout ! La elles ont inventé un nouveau truc, la bascule du panneau solaire !  À quatre posées dessus elles le font basculer car il n’était pas bien bloqué, ça fait dévier le courant d’air dans la girouette du régulateur et , comme par magie, virement de bord ! Grrrr. Je reprends ma route dans le noir avec ma frontale et les maudites un peu mais pas trop car elles doivent me trouver quand même sympa de les transporter gratis et je ne voudrais pas briser une amitié naissante. Je les gronde un peu mais leur autorise juste les filières, le hors-bord et la bouée couronne, c’est tout. Elles sont réglo et me remercient de quelques krâ krâ et autres cacas. Je retourne me coucher. 

 

 

     

 

 

Les jours suivants je poursuis ma route NNE en visant l’arrière d’un anticyclone qui file vers l’Est devant moi. J’essaie d’aller l’enrouler mais il est bien sûr plus rapide, j’avance bien et en route directe. Mon régulateur d’allure n’est plus aussi performant que d’habitude, j’avais perdu la pale immergée d’origine, un petit bijou mis au point par Renhold Michelli et la société Beaufort ayant mis la clé sous la porte. J’ai été obligé d’en refaire une à ma manière sans plan. Elle fonctionne plutôt bien mais n’est pas aussi réactive que l’ancienne.  Je suis obligé de sous-toiler un peu quand ça souffle au vent portant sinon je fais trop d’embardées et ça influe sur ma vitesse et ma sécurité. Vents faibles, c’est un peu pareil mais là je peux mettre mon pilote électrique sans problème.


Et les jours se succèdent avec ce vent de S à SW puis NNE me permettant d’aligner 950 miles en une semaine.  Les meilleurs choses ayant une fin, l’anticyclone devant n’avance plus et une vilaine dépression remonte du sud pour m’envoyer son vent en pleines narines. Virement ! Et c’est la remontée plein nord pour contourner ce barrage avant de devoir risquer de reculer pour ne pas finir aux Canaries.

 

 

Ça remonte bien, 3 à 6 Beaufort et plus avec une mer agitée à forte ainsi qu’une houle, certes longue, mais qui dépasse souvent 3 mètres en déferlant. Ça pioche et mouille pas mal dans le soleil.  Ça ne me garantit plus ces nuits plutôt calmes que j’appréciais.  Shaker assuré, gv 2 ris et trinquette bastaquée, le régulateur encaisse sans broncher.


La température de l’eau redescend doucement, les sternes et autres pailles en queue ont disparu.  Encore quelques sargasses mais je retrouve ces méduses galiotes flottantes comme des jouets gonflables mais plutôt dangereuses typiques de ces eaux anticycloniques.
Le 15 avril je recoupe la route de ma première transat retour de 2020 à 12 jours identiques en temps. J’y croise aussi le voilier italien Stella del Este, monocoque de 15 mètres avec lequel nous conversions un peu par la vhf. Ils vont aussi à Ponta Delgada. Le 16 je suis enfin arrivé en haut de l’anticyclone dans les petits airs et il a fallu pour cela pousser au moteur plus de 10 heures afin de passer l’œil sans vent.  Je peux enfin repartir NE sous voiles avec la promesse d’un vent portant pour les prochains jours, une vraie délivrance ! 

 

 

  

 

 

Ce couloir de vent est mince, une vingtaine de miles environ, mais il est là.  Merci l’iridium et les fichiers météo précis. 
Je découvre aussi un peu d’eau dans les fonds du bateau. Elle est saumâtre et pas très propre, peu salée.  J’essore environ 5 litres à l’éponge et retrouve mes 5 litres manquants dans ma bâche à eau avant, que j’avais trop remplie et qui a du gicler par le haut dans le shaker.  Panipwoblém et ça nettoie aussi ces fonds un peu délaissés ! 


18 avril, baromètre en baisse. En quelques heures les ris descendent puis plus de grand-voile et le génois tangonné qui diminue lui aussi. 4 à 7 beaufort et mer agitée.  Ça dure plus de 48h sous-toilé à cause du régulateur et des embardées. 6 nds pas plus sinon ça part en vrac. Front chaud, front froid puis NNW après une bonne bruine crachinante. Et le ciré est ressorti, le bonnet et la frontale, je commence à me demander, à 35° de latitude Nord, si je ne vais pas attendre un peu quelque part que ça se réchauffe avant de remonter au 47°.

  Enfin ça se calme et le vent de Nord se remet en place en mollissant, la mer se calme aussi et, comme pour me montrer que je suis bien là où je devrais être, la Nature m’envoie une émissaire.  Une magnifique baleine franche prend sa respiration à 20 mètres de moi bâbord arrière.  Son grand souffle me surprend dans sa durée et sa puissance. Au départ j’ai crû à l’oreille à un méga souffle de dauphin mais je vois l’animal qui replonge, un remous énorme en surface. Deuxième respiration à 10 mètres sur le côté ! Elle dépasse très largement la longueur de Danton. J’admire son dos, ses évents en forme de narines et sa tête aplatie. Pas une bernique, on la croirait sortie tout juste d’un méga carénage.  Sa queue en surface est énorme.  Remous impressionnant.  Troisième respiration qui semble plus longue, ce son je ne l’oublierai pas. Vision magique, elle est sur l’avant et replonge. Je suis dans son remous, elle n’apparaît plus. Je reste là, estomaqué et admiratif. Elle semble seule, plus de son de respiration. La mer, l’Océan à perte de vue, mais toute cette vie en dessous !

 

   

 

22 avril. Danton navigue au près bon plein, un petit anticyclone mais assez puissant au-dessus et une dépression active en dessous.  Je fais presque route directe et moralement c’est très bon. La lune s’inscrit dans un cycle plein avec un lever au coucher du soleil et vice versa dans un ciel de cumulus plus ou moins fournis qui donnent des couleurs et des allures fantastiques, grand spectacle assuré deux fois par jour. C’est aussi un moment privilégié pour que les dauphins viennent jouer et m’accompagner un bout de chemin. 

La dépression passant dessous et filant doucement vers l’ouest, l’anticyclone placé dessus reprend doucement ses droits en se renforçant et m’envoie maintenant du vent de Nord Est puis Est Nord Est.

 

Ma route redescend immanquablement.  

Je marche au près et ça n’avance pas très vite. J’avais visé de me caler vers le 38°30’ Nord, juste au-dessus de la latitude de Horta mais ce n’est plus possible.  Je dois tirer des bords contre ce vent, ce qui ralentit bigrement mon avance directe même en faisant 120 miles journaliers sur le fond.  Horta plus possible, car l’anticyclone revient par-dessus. Plus de vent dans les deux jours. Plus bas ça passe encore avec un Nord Est faible à médium. J’opte donc au final pour Ponta Delgada qui était aussi ma vraie destination du départ. 

Ce n’est ensuite plus qu’un très long bord de près bon plein de 400 miles environ qui me maintient sur le 37°40’ Nord. 

 

 

   

 

Pilote, régulateur, 1 ris, 2 ris, rouler, dérouler...c’est un manège incessant de manœuvres dans ce vent irrégulier, instable en direction, avec la menace, si je traîne trop, de me faire rattraper par les calmes du centre anticyclonique qui part vers l’Est aussi. 45 miles au sud de l’île de Pico, plus de vent. C’était bien indiqué sur les prévisions et j’avance au moteur sur plus de 30 miles. Le vent revient ensuite pour les 150 derniers miles.
Je n’ai pas encore parlé des rencontres avec les autres navires mais, tant que j’étais loin des Açores, les navires croisés avaient tous un AIS efficace et ça me permettait de bien gérer et surveiller le risque de collision. Là, à proximité relative de l’archipel açorien, dans les fonds remontants, les gros bateaux de pêche réapparaissent et tous ne sont pas équipés ou ne le mettent pas en route. J’ai uniquement leur signal radar quand ils sont entre 2 à 4 miles maximum suivant la hauteur de la houle. Autant dire très proches de moi, zone à risque assurée d’autant plus qu’ils ne suivent jamais une route stable. Tout ça ne favorise pas le sommeil réparateur, additionné d’une petite bronchite, bref je suis un peu crevé.
 

 
Puis, un beau dimanche matin de fin d’avril, au lever du jour, une île se dessine devant l’étrave. C’est la bonne ! C’est bien pratique ces petits GPS, non ?
Le vent diminue et, voiles moteur a 5 nds, j’approche. Le réseau internet refonctionne, des centaines de messages tombent dans whatsapp et boîte mail, je retrouve la civilisation.
Et j’entre à Ponta Delgada vers 11h30 UTC. Le ponton d’accueil est là, je suis accueilli par la Guarda Nacional, les formalités sont faites en 1/4 d’heure, je me dirige ensuite dans la Marina à l’emplacement H 33 et retrouve Stella del Este juste à côté,  ils sont arrivés hier.
Saint François Guadeloupe - Ponta Delgada Acores en 25 jours et 2857 miles réels pour 2272 au plus court. La route a été longue en durée et en distance mais c’est fait et je ne déplore pas d’avarie. 
Maintenant c’est repos et un peu de tourisme avant de reprendre la dernière partie du retour pour la deuxième quinzaine de mai.


Olivier Guillouet

 

 

   Ponta Delgada, Açores

 

 

Observez la navigation de Danton, représenté par un picto rouge

 

Danton et son capitaine Olivier partagent avec nous les Caraïbes

16/03/2024

Danton et son capitaine Olivier partagent avec nous les Caraïbes

   

  Photo de gauche, Marie Galante...à droite, Danton à Port Zante sur Saint Kitts

 

27/01/2024

… « j'ai bien retrouvé Danton à Pointe à Pitre le 29 décembre dernier et je l'ai réarmé (sans démographie !). Ensuite je suis parti en Martinique, via Marie Galante, retrouver des copains. Nous avons fait ensemble quelques mouillages sympa, Anse d'Arlet, Mitan, Noire, 3 ilets et Saint Pierre. Puis je suis retourné en Guadeloupe en repassant à l'est de la Dominique sans oublier Marie Galante.

 

Un petit tour complet de la Guadeloupe en escalant à Port Louis, Deshaies, Rivière Sens et en dernier l'îlet Cochon. Depuis, mon équipière à embarqué à la Marina de Bas du Fort. Nous sommes actuellement au mouillage à Marie Galante et repartons vers Antigua dans les jours prochains.

 

Voilà. L'alizé est soutenu (4 à 7 bft), quelques averses mais 30° régulièrement et la mer à 28°, on ne s'en plaindra pas. Balade à terre prévue ce jour et snorkeling avec les tortues... »

 

      

  Ramassage en snorkeling...à droite, Marigot Bay vue du haut du Fort Louis

 

      

Mouillage de l'anse Colombier et l'île Fourchue en arrière plan...à droite, l'île Fourchue droit devant

 

22/02/2024

 

 « Depuis mon dernier message, Danton et ses deux compères sont bien arrivés à Antigua, Jolly Harbour après une nuit de nav au portant. Un peu de tourisme dans cette très belle île, Saint Johns et surtout English Harbour et ses yachts incroyables. Petites randonnées sur les crêtes. Ensuite direction Marigot Bay sur l'île de Saint Martin car, à cause de la météo, nous n'avions pas de mouillage sécure sur l'île de Barbuda . Dommage car c'est une île plutôt sauvage et un très grand refuge d'oiseaux de mer...

 

        

  Anse Marcel à St martin...à droite, le mouillage de l'île Fourchue

 

...Visite de Marigot et son carnaval puis randonnée vers Anse Marcel. Refuge dans la Marina fort Louis durant le passage du petit coup de vent d'ouest et son déluge. Ensuite mouillage à Grand Bay avant d'aller mouiller 3 jours à l'île Fourchue. Île vraiment sauvage et déserte. Petit trek à terre dans les très nombreux cactus, oiseaux moins nombreux et quelques iguanes.

 

Puis arrivée à Saint Barthelemy et son mouillage de l'anse Colombier si magnifique. Des tortues à gogo et de très nombreux poissons, snorkeling dès la jupe arrière de Danton ! Visite de Gustavia très rapide, paradis des propriétaires de yachts en recherche de détaxe, c'est un port franc, la phobie de Bruno Lemaire... Après une jolie traversée vent de travers nous voici maintenant arrivés sur Saint Kitts, île bénie des dieux au point de vue agricole mais historiquement dramatique. On prévoit de repartir vers Nevis dans les jours prochains, le vent repassant à l'est, en profitant des nombreux mouillages sauvages… » 

 

        

La baie de Portsmouth...à droite, l'épave de White House Bay

      La grande baie de Charleston Nevis et l'île de Saint Kitts au fond

 

10/03/2024

 

« Suite et fin de la deuxième partie du voyage de Danton. Escale à Saint Kitts et ses mouillages sauvages de la pointe sud-ouest, White House Bay et Bugg's hole et ses petites plongées en snorkeling sur les épaves, eau calme et transparente avec de nombreux poissons. La suite sur Nevis, le même pays, un peu plus décevante car un seul mouillage autorisé devant une magnifique plage et quelques hôtels de luxe. Petits restos locaux bien sympa... 

 

    

  Terre de Haut vu d'en haut de l'îlet Cabrit et détail de Royal Clipper

 

... En route vers Montserrat avec une météo assez prometteuse, vent et houle modérés d'Est mais en cours de route changement de programme car, si le vent n'avait pas bougé, la houle devenait du Nord de 2,5 m, plus de protection ! Sachant que la moitié sud de l'île de Montserrat n'est plus accessible depuis les dernières éruptions et coulées de cendres nous l'avons longé en profitant du superbe panorama et de ses effluves soufrées, genre boule puante. Nous avons donc poursuivi jusqu'au mouillage de Malendure Guadeloupe, arrivée de nuit dans cette zone connue...

 

   

  Mouillage de Malendure Guadeloupe, réserve Cousteau et l'îlet Pigeon...à droite, Danton tranquille au mouillage

 

... Beau temps et 2 jours d'escale mais vents tournants et rafales à 30 nds. Petit dérapage d'ancre la dernière nuit d'environ 20 m et un démouillage laborieux le lendemain pour récupérer la Cobra enfouie jusqu'au jas. Marina Rivière Sens ensuite pour faire la clearance et retrouver des copains. Terre de Haut et Ilet Cabrit aux Saintes les 4 jours suivants. Temps et îles magnifiques, balades et dégustation des tourments d'amour de Marie ! Retour à la base hier à Bas du Fort, Pointe à pitre, pour les derniers jours avec mon équipière et quelques travaux préparatoires avant d'envisager un retour vers les Açores… »

 

      

   Sunset Ilet Cabrit...à droite, la silhouette de Club Med II au fond

 

             

 

 

   Pour mieux suivre, visualisez les cartes des navigations de cette deuxième étape d'Olivier sur son Danton

 

 1 - Remontée Tobago Guadeloupe

 

 2 - Guadeloupe Martinique Guadeloupe 

 

 3 - Guadeloupe, Antigua, Saint Martin, Saint Barthélémy, Saint Kitts, Nevis, Guadeloupe Malendure, les Saintes, Pointe à Pitre

 

 

Arrivée à Tobago, Charlotteville, au mouillage de Pirate Bay

07/10/2023

Arrivée à Tobago, Charlotteville, au mouillage de Pirate Bay

Mail envoyé : vendredi 6 Octobre 2023 17:08
De : "Olivier Guillouet"
Objet : Arrivée à Tobago

 

Bonjour à tout l'équipage des Vieux Gréements. Danton est bien arrivé à Tobago Charlotteville au mouillage de Pirate Bay lundi dernier au matin. Tout va bien à bord et les formalités sont réglées. La baie est bien protégée mais des dépressions (mooson trouf) passent régulièrement tous les 4 à 5 jours et alors il faut être bien accroché. Vents et déluge pour 24h, c'est le régime d'ici. Je prévois de rester ici tout le mois et remonter sur la Martinique début novembre. D'ici-là je vous enverrai un petit résumé de cette transat que je prépare. 

 

Bonne continuation à tous.

 

Olivier Guillouet 

 

PS: le réseau internet ici est très capricieux et seulement à terre à la Library quand il n'y a pas de coupure de courant, c'est ça aussi les Caraïbes